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      Commémoration fin de la 2ème Guerre Mondiale 
  08/05/2013
10h
Monument aux morts

 

18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 16:18

          Le keynésianisme prône la régulation : l’intervention de l’ Etat pour contrer les déséquilibres de l’économie. Les néoconservateurs quant à eux considèrent que tant qu’il y a de la confiance on n’a pas besoin de réguler et que l’on peut dès lors oublier Keynes qui a créé autant de problèmes qu’il en a résolu. Enfin une nouvelle sorte d’économistes en appellent à un élargissement de la pensée en incluant une vision comportementale , psychosociologique de l’analyse économique.

 

En tout état de cause, Keynes n’a pas assez pris en compte le rôle du secteur financier, rôle central pour mettre en œuvre cette politique de régulation par la définition du niveau d’alimentation de l’économie en liquidités (argent disponible).

 

Les Banques Centrales sont les instruments de la politique monétaire des Etats en agissant sur les taux d’intérêt à court terme . Un taux bas signifie de l’argent peu cher donc des crédits faciles : c’est le moyen d’augmenter la masse monétaire.

 

Les banques, elles, prennent un risque : elles empruntent à court terme, mais prêtent à moyen ou à long terme avec tous les aléas qui s’ensuivent. De plus les banques ont augmenté leurs prêts à des « special investment vehicles » ou «  conduits » destinés à se financer à très court terme en contrepartie d’actifs titrisés qui, en cas d’effondrement du marché ne valent plus rien ( les fameux subprimes). Les banques ont donc pris des risques inconsidérés de façon généralisée.

 

         Les Banques Centrales, en baissant leurs taux ont soutenu les banques en facilitant leur refinancement ce qui a permis d’éviter un nouveau krach de 1929.  Cependant c’est indirectement une récompense à un comportement risqué indésirable. Faute d’alternative les décisions ont été les bonnes. Mais dorénavant il faut réfléchir à élargir la marge de manœuvre des Banques Centrales afin de limiter l’ intensité des chocs économiques et minimiser les risques qu’ils surviennent. D’où les discours actuels sur le développement de règles prudentielles et d’un contrôle plus rapproché. Il faudrait, notamment , imposer un système de réserves obligatoires pour les banques qui soit plus important en période de boom, ce qui permet de le voir diminuer en période de crise.

 

         On voit là qu’on est en plein cœur d’un système de régulation de l’économie par les pouvoirs publics.

 

         Pourtant pour les libéraux on serait justement dans une crise du système keynésien : inonder la planète de liquidités ( crédit facile) a provoqué la crise et augmenté les dettes publiques.

 

         Ce qu’ils ne reconnaissent pas, c’est le fossé qui existe entre une politique sociale démocrate de soutien de la demande en période de récession et le laxisme monétaire et budgétaire qu’ils ont mis en place quand ils étaient au pouvoirs et que l’économie avait la capacité de développer de la croissance et de créer des réserves. Ce n’est pas le keynésianisme mais le mésusage qui en a été fait qui est à l’origine des déficits abyssaux que nous connaissons aujourd’hui.

 

         Ce keynésianisme néoconservateur a créé un excès de demande ( trop d’argent et un comportement consumériste) : et c’est là la vraie définition de l’inflation même si on ignore délibérément la hausse des prix qui existe depuis les années 70.

         On peut réconcilier les conservateurs et les keynésiens sur au moins deux points, ce qui amener à s’interroger sur le comportement humain en économie :

·                    ce qui nuit à l’économie ce sont les rentes. Il faut donc mieux répartir le fruit de la croissance par une politique de régulation introduisant des stabilisateurs contracycliques.

·                    La crédibilité est impérative pour maintenir la confiance dans un domaine de plus en plus technique et opaque. La nouveauté est donc d’introduire psychologie et sociologie dans l’analyse économique.

 

En effet l’homo oeconomicus parfaitement rationnel et optimisant à chaque instant n’existe pas.  Plus encore, le marché peut, rationnellement, nous amener à être irrationnel en suivant une tendance, même si elle s’avère au final calamiteuse.

 

         Malheureusement la profession des économistes est mal à l’aise avec ses sciences humaines qui, pour eux, ont une connotation négative. Certains cependant développe cette notion d’économie comportementale et suivent les comportements humains non tels qu’un modèle mathématique les voudrait, mais tels qu’ils se sont réellement déroulé. Ils nous parlent dès lors de perception des individus face, notamment à l’évolution des prix.

 

         Il est intéressant de parler d’illusion monétaire : si les gens ne sont pas complètement dupes de la différence entre 15 euros aujourd’hui et 100 francs hier, du moins ils ne sont pas non plus totalement exempt de distorsion. Le meilleur exemple est que en cas de baisse des prix personne n’accepte une baisse de son revenu, comme s’il s’agissait d’une insulte. Par contre en cas d’inflation un gel des salaires, qui correspond à une baisse effective du revenu, n’est pas perçu de la même manière.

 

         Aussi développer une unité de compte qui neutralise l’effet de l’inflation ( un panier établissant la vraie valeur de l’argent) permettrait d’évaluer les biens au plus près de leur valeur à chaque instant ( notamment pour l’immobilier où on évolue dans le moyen long terme).

 

         Une unité de compte de ce type permettrait également de mieux évaluer la dette publique des Etats, d’apaiser un climat d’inquiétude et d’éviter des dérapages.

 

 

         Plus que de keynésianisme aujourd’hui il faudrait parler d’économie comportementale. Arrêter la psychothérapie négative qui assène à chacun qu’en tant que travailleur il ou elle coûte trop cher pour restaurer une place à l’enthousiasme, à l’initiative et à la confiance en soi et en une collectivité bienveillante.

 

                                                                               

                                                                                                 Isabelle SAUSSET

 

 

D’après  « Le keynésianisme confronté à l’hyperfinance »- Jean TIROLE et Emmanuel FARHI

« Quand la confiance va, tout va… alors oubliez Keynes » – Jean-Marc DANIEL

« L’économie comportementale mène aujourd’hui la même bataille que Keynes à son époque »-Robert SHILLER

dans « Les enjeux des échos décembre 2009 »

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