A l’occasion de sa visite mardi 14 février à Saint-Etienne, François Hollande, saisira l’opportunité d’évoquer les grands enjeux de sa politique de demain en matière de transports. Afin d’améliorer le quotidien des Français, celle-ci aura pour priorité la qualité de service des trains quotidiens et la desserte des quartiers enclavés.
Saint-Etienne est en France un exemple d’innovation en matière de mobilité durable. En effet, la ville met en place une politique de complémentarité des modes de transport pour une meilleure pertinence en fonction des territoires (centre-ville, périphérie, etc.) et des espace-temps de la vie (école, trajet domicile-travail, etc.) : promotion des modes doux avec un service de vélos, des transports collectifs, et intermodalité avec des parcs-relais.
Contexte : de nombreux enjeux pour les transports français
Loi LOTI 1982 et loi SRU 2000
Chaque année, les collectivités mobilisent pour leur politique de transport environ 20M d’€. De par leurs investissements, elles ont toujours été pionnières en matière de mobilité et ont donc favorisé les changements de comportement.
Grenelle de l’environnement mis en œuvre par les collectivités seules
Nombreux réseaux urbains sont actuellement proches de la saturation, et mettent à mal la qualité de vie des Français. Les AOT (Autorité organisatrice de transports) ne peuvent plus assumer seules la nécessaire augmentation de l'offre. La modernisation et le développement de l’offre pèsent trop lourdement sur leurs budgets.
Institutions
Les AOT appellent au renforcement de la décentralisation. En effet, la compétence transport est aujourd’hui segmentée et sectorielle (ferroviaire aux régions, transports scolaires aux départements, etc.) et pèse sur les finances publiques du fait des financements croisés.
Environnement
Le secteur des transports correspond aujourd’hui à 28 % des GES (émissions de gaz à effet de serre) en France. Il est un « élément clef » pour répondre au défi du développement durable et respecter les engagements de la France en matière de réduction des gaz à effet de serre.
Social
Aujourd’hui le système actuel n’est pas équitable : les situations comme celles des familles monoparentales ou des travailleurs pauvres ne sont pas prises en compte.
La gratuité totale des transports a ses limites par les capacités d’investissement limitées dues l’absence de recettes tarifaires, « dévalorisation » du service public de transport, grande difficulté à repasser à un système payant. La gratuité ne peut donc être envisageable que dans les petits réseaux où les ratios recettes et dépenses sont faibles et que le coût du contrôle est plus élevé que les recettes tarifaires. La contribution de l’usager est logique, si elle est assortie d’une tarification sociale en fonction de ses capacités contributives.
Fiscalité
Le versement transport, impôt assis sur les entreprises de plus de 9 salariés qui représente 48 % en moyenne du budget transport des collectivités, ne suffit plus aujourd’hui à financer l’investissement et l’exploitation des réseaux de transport collectif urbain ainsi que les programmes de développement des modes actifs (vélo, marche, etc.).
Propositions : relance de la politique des Transports
Engager une nouvelle étape de la décentralisation dans le domaine des transports
Permettre aux collectivités territoriales d’agir plus efficacement sur la mobilité des citoyens : les autorités responsables de transport deviendront des Autorités Organisatrices de Mobilité Durable (AOMD) et disposeront de nouveaux outils pour organiser l’intégralité de la mobilité (dont le droit à l’expérimentation).
Coordonner la politique de transports et la politique d’urbanisme : les Régions piloteront des schémas régionaux de transport et de mobilité en lien avec l’ensemble des collectivités locales.
Renforcer le rôle des régions : rôle de coordination des autorités organisatrices par la mutualisation de l’information, la coordination de l’offre de services, l’élaboration de stratégies globales et cohérentes en matière tarifaire notamment.
Moderniser la gouvernance des transports en Ile-de-France.
Mise en place d’une ressource fiscale dédiée aux régions.
Remettre à niveau et moderniser le réseau existant en renouvelant 1000 km de voies par an.
Les transports en Ile-de-France doivent faire l’objet d’un traitement particulier, car la dégradation du service sur les réseaux Transilien et RER porte fortement sur la vie quotidienne de millions de Franciliens.
La desserte des quartiers difficiles fera également l’objet d’un soutien particulier afin de poursuivre le désenclavement.
En régions, poursuivre les investissements dans les réseaux de transport en commun en site propre en lançant un 3e appel à projets TCSP.
Grenelle de l’environnement : les collectivités locales ont appelé au lancement d’un 3e appel à projets dès 2011, afin de ne pas freiner leurs projets d’investissements.
C’est une politique vertueuse en matière d’investissement public, les emplois créés étant souvent non-délocalisables (y compris le matériel roulant, le plus souvent fabriqué en France).
Inciter au niveau local à la mise en place de tarification sociale plus équitable.
Les niveaux de tarifs et le choix des catégories de personnes à aider relèvent clairement des autorités organisatrices de transport, dans le cadre de la décentralisation. Mais l’État poussera à la mise en place de tarification sociale (basée sur le quotient familial et les ressources par exemple).